Enfin une obligation de gérer les transferts d’humidité dans les isolants pour obtenir certaines aides financières
Des règles de l’art existent concernant les travaux d’isolation dans les logements. Pourtant elles ne sont pas toujours suivies et les aides financières n’étaient pas forcément conditionnées à leur respect. C’est désormais chose faite pour le Crédit d’Impôt et pour MaPrimeRénov, et en partie pour les primes des fournisseurs d’énergie.
Pourquoi protéger les isolants contre les transferts d’humidité ?
Comment fonctionne un isolant thermique ?
C’est l’air emprisonné dans ces matériaux qui procure l’essentiel de leur pouvoir isolant. Pour qu’il soit et reste efficace, il faut que cet air soit immobile et « sec ». Si l’isolant se charge en humidité, il perd en pouvoir isolant et se dégrade. À l’excès cette humidité peut provoquer l’apparition de moisissures et de champignons que l’on peut retrouver dans l’air ambiant, voire altérer la structure même du logement.
D’où peut venir l’humidité ?
Nous allons différencier l’eau sous forme « humide » de la vapeur d’eau. Généralement, la gestion de l’eau sous forme « humide » se fait par des protections extérieures à l’isolant en lui-même (toiture, enduit, coupure de capillarité, drain, …).
Ce qui va plus particulièrement nous intéresser ici concerne la vapeur d’eau produite dans un logement (respiration, cuisine, douche, …) Cette vapeur d’eau, présente partout, est en partie normalement gérée par la présence d’un ventilation. Mais elle ne suffit pas toujours et n’est pas toujours présente.
Comment se comporte la vapeur d’eau ?
L’air ambiant contient de la vapeur d’eau en quantité variable. Une masse d’air sec peut absorber une certaine quantité d’eau sous forme de vapeur. Cette quantité varie selon la température de l’air. Par exemple :
- à 20°C, un air sec peut absorber 17,30 grammes d’eau par m³ ;
- à 0°C, il ne peut en absorber que 4,84 grammes.
Au-dessus de ces valeurs, l’eau présente sous forme de vapeur d’eau (à priori sans danger et mobile) se condense et se retrouve sous forme « humide » (peu mobile), c’est le point de rosée. Si cela se produit dans un isolant, l’humidité va alors rester sur place et altérer les performances de l’isolant, voire pire (voir ci-dessus).
Considérez maintenant le mur, le plafond ou le plancher de votre maison. Vous avez de la vapeur d’eau dans votre logement. Lorsque un bâtiment est chauffé, l’air humide qu’il contient tend à trouver son point d’équilibre avec l’extérieur. Il va donc se produire un phénomène de migration de la vapeur d’eau vers le côté froid de la paroi (l’extérieur, un grenier, un sous-sol, un pont thermique). Et plus on va vers l’extérieur, plus la température dans la paroi va être froide.
Cela est représenté sur le schéma ci-dessus avec une isolation par l’intérieur. La ligne bleue représente la quantité de vapeur d’eau pouvant être contenue dans l’air sans condenser, en fonction de la température dans l’épaisseur de la paroi. La ligne rouge représente la quantité de vapeur d’eau effectivement constatée sans la mise en place d’une protection adéquate. Quand la ligne rouge passe au-dessus de la ligne bleue, la vapeur d’eau condense, c’est le point de rosée. Cela se produit généralement dans l’isolant ou à l’interface avec le mur porteur.
Maintenant la même chose mais avec la mise en place d’un pare-vapeur entre l’isolant et le parement. Le pare-vapeur n’empêche pas totalement la vapeur d’eau de passer mais empêche qu’elle passe en excès.
La ligne rouge ne passe jamais au-dessus de la ligne bleue, la vapeur d’eau ne condense pas.
Avec une isolation par l’extérieur cette fois, la ligne rouge ne passe jamais au-dessus de la ligne bleue car le mur reste « au chaud », la vapeur d’eau ne condense pas. Il faut toutefois veiller à mettre en place un enduit de finition (ou autre solution de finition) qui n’est pas étanche à la vapeur d’eau. Sinon la vapeur d’eau peut rester bloquer derrière et finir par condenser. Il faut aussi éviter les ponts thermiques comme un balcon qui arrête la continuité de l’isolation par l’extérieur et qui créera des ponts thermiques « froids ».
Pourquoi ma plaque de plâtre n’assure pas cette fonction de régulation des transferts d’humidité ?
Souvent utilisée en finition intérieure pour les murs et les plafonds, on pourrait imaginer qu’une plaque de plâtre permet la régulation des transferts d’humidité. Eh bien non !
Contrairement à ce qu’on pourrait penser intuitivement, une plaque de plâtre est très perméable à la vapeur d’eau. Une plaque de plâtre de 13 mm est aussi perméable à la vapeur d’eau que 10 cm d’air. En comparaison, un pare-vapeur tel que conseillé pour protéger un isolant des transferts d’humidité excessifs est aussi perméable à la vapeur d’eau que 18 mètres d’air, soit 180 fois moins que la plaque de plâtre.
De la même façon le papier kraft traditionnellement collé sur les rouleaux ou panneaux d’isolant n’est pas suffisant pour respecter les règles de l’art. En effet il est aussi perméable à la vapeur d’eau que 1,5 à 3 mètres d’air, soit 6 fois plus qu’un pare-vapeur. De plus il ne peut être posé de façon continue pour éviter que de l’air et de l’humidité passe entre les laies d’isolant et entre l’isolant et les murs adjacents. Inadapté donc pour respecter les règles.
Alors que faire ?
Les solutions sont bien connues mais pas toujours mises en oeuvre. Elles dépendent :
- de l’isolant mis en place ;
- de la composition de la paroi isolée (structure porteuse, finitions intérieure et extérieure) ;
- de quel côté se situe l’isolation (côté « chaud » ou côté « froid »).
Nous ne les détaillerons pas ici mais, bien souvent, il s’agit de mettre en oeuvre un pare-vapeur ou un frein-vapeur hygrovariable. Ces membranes d’étanchéité à l’air régulatrices des transferts d’humidité doivent être posées de façon continue. Et bien sûr il faut éviter que l’air et la vapeur d’eau puissent passer dans l’isolant via des percements non étanches dans ces membranes (électricité, évacuations et arrivées d’eau, …)
Sur les quelques exemples ci-dessous, le pare-vapeur ou le frein-vapeur hygrovariable sont représentés par la film gris côté « chaud » de l’isolant.
LA NOUVELLE OBLIGATION DE GÉRER LES TRANSFERTS D’HUMIDITÉ DANS LES ISOLANTS
Pour les aides financières suivantes :
- MaPrimeRénov’ ;
- le Crédit d’Impôt Transition Énergétique (CITE) ;
- et par extension les aides de l’ANAH Habiter Mieux qui s’appuient sur les mêmes textes de loi.
Et pour les travaux suivants :
- Isolation des murs en façade ou en pignon ;
- Isolation des toitures-terrasses ;
- Isolation des rampants de toiture et plafonds de combles.
Étant entendu que, comme l’isolation des combles perdus et des planchers bas ne sont pas éligibles à MaPrimeRénov et au CITE, ils ne sont pas nommés. Mais, techniquement, la problématique et les solutions apportées sont les mêmes. À noter d’ailleurs que, pour ces travaux, les nouvelles dispositions encadrant les primes des fournisseurs d’énergie intègrent les mêmes obligations (voir notre article 24 juillet 2020 – Quelques ajustements pour les travaux éligibles aux primes des fournisseurs d’énergie)
Il est désormais demandé ce qui suit : « Lorsqu’il est nécessaire de protéger les matériaux d’isolation thermique mentionnés contre les transferts d’humidité pour garantir la performance de l’ouvrage, leur pose est accompagnée de l’installation d’un pare-vapeur ou de tout autre dispositif permettant d’atteindre un résultat équivalent.« .
Les dispositifs doivent donc être indiqués sur les devis et les factures pour obtenir le bénéfice des aides financières ci-dessus.
Vous pouvez nous consulter en amont de votre projet pour avoir des informations sur les dispositifs nécessaires pour répondre à cette nouvelle obligation. Nous pouvons aussi relire vos devis pour s’assurer qu’elles sont bien prises en compte.
LES + DE VOTRE CONSEILLER FAIRE
Si vous souhaitez engager des travaux de rénovation énergétique ou de production d’énergie renouvelable, contactez-nous en amont de votre projet. Nous sommes à votre disposition pour :
- vous donner des conseils techniques et financiers adaptés à votre projet ;
- réaliser des simulations permettant de comparer les différents projets techniques et d’optimiser les aides financières ;
- vous guider dans le choix des professionnels ;
- analyser vos devis.
LIENS
-
- plus d’informations sur MaPrimeRénov’ : le site de l’ADEME
- plus d’informations sur le Crédit d’Impôt Transition Énergétique : le site de l’ADEME
- l’article 18 bis qui comprend ces nouvelles obligations : www.legifrance.gouv.fr
- les nouvelles obligations pour les primes des fournisseurs d’énergie : 24 juillet 2020 – Quelques ajustements pour les travaux éligibles aux primes des fournisseurs d’énergie